Le football unit les peuples et non les divise. Dans quelques semaines, plus précisément en novembre prochain, aura lieu la grande messe du football mondial sur le sol qatari.
Malgré un climat et une géographie désertiques, le Quatar a réussi à dompter la nature. Le pays fait rêver et attire les touristes de part la monde. Cet aura a permis au pays d’être retenu pour l’organisation de la coupe du monde 2022.
Depuis l’annonce de l’organisation de cette compétition prestigieuse par le Qatar et le lancement des chantiers pour abriter l’évènement, le pays a accueilli beaucoup de migrants travailleurs. Malheureusement, le rêve de ces derniers s’entrecoupe de cauchemars.
Droits des travailleurs migrants
Selon un rapport d’Amnesty International, les travailleurs et travailleuses migrants sont heurtés à des exigences bureaucratiques parfois insurmontables lorsqu’ils voulaient changer de travail sans la permission de leur employeur ou employeuse, alors qu’il ne s’agissait plus d’une obligation légale.
Selon la même source, la situation demeurait encore plus difficile pour les employées de maison migrantes logées sur place, du fait de leur isolement au domicile de leur employeuse ou employeur, qui est également leur lieu de travail.
Le système continuait de laisser la main libre aux employeurs qui contrôlaient l’entrée et le séjour des travailleurs et travailleuses migrants sur le territoire qatari. Ainsi, les moins scrupuleux d’entre eux pouvaient annuler le permis de résidence de leur employé(e)s ou encore engager des poursuites contre eux en les accusant de fuite, mettant en péril leur séjour régulier dans le pays.
Malgré l’instauration d’un nouveau salaire minimum et l’adoption de mesures de contrôle du versement des salaires, les travailleuses et travailleurs migrants continuaient de se faire voler leur salaire par leur employeur ou employeuse sans pouvoir réellement recourir à la justice.
En effet, pour ces personnes, l’accès à la justice restait lent dans une large mesure et, lorsqu’elles y parvenaient, il était rare qu’elles obtiennent réparation.
Les autorités n’ont toujours pas dûment enquêté sur les milliers de morts soudaines et inexpliquées de travailleurs et travailleuses migrants survenus au Qatar ces dix dernières années alors que ces personnes avaient passé les examens médicaux obligatoires avant de se rendre dans le pays. En l’absence d’enquête, le Qatar n’a pas pu déterminer si ces décès étaient liés au travail, manquant ainsi à son devoir de protéger un élément essentiel du droit à la vie. Les familles endeuillées n’ont pas eu la possibilité non plus d’être indemnisées par leurs employeurs ou par les autorités.
Droits syndicaux
Les travailleurs et travailleuses migrants n’avaient toujours pas le droit de former des syndicats ni d’y adhérer. À la place, les autorités ont instauré des comités mixtes. Cette initiative menée à l’instigation des employeurs pour assurer la représentation des travailleuses et travailleurs était loin de garantir le droit fondamental de ces derniers de former des syndicats et d’y adhérer.
Liberté d’expression et de réunion
Les autorités ont continué à restreindre la liberté d’expression au moyen de lois abusives visant à réprimer les voix dissidentes.
En novembre 2021, deux journalistes norvégiens qui enquêtaient sur la situation des travailleurs et travailleuses migrants ont été placés en détention pour violation de propriété privée et pour y avoir filmé des images, allégations réfutées par les deux hommes. Ils ont été interrogés sur leur reportage et tout leur équipement leur a été confisqué. Ils ont été libérés 36 heures plus tard sans inculpation.
Plus tôt pendant leur séjour, les deux journalistes devaient interviewer ABDULLAH IBHAIS, l’ancien directeur de la communication de l’entité organisatrice de la Coupe du Monde de Football 2022 au Qatar, mais celui-ci a été arrêté le 15 novembre, quelques heures avant l’entretien prévu. Il a été soumis à cette arrestation arbitraire alors qu’il faisait appel d’une peine de prison de cinq (05) ans, prononcée à l’issue d’un procès inéquitable fondé sur des « aveux » obtenus sous la contrainte, en l’absence d’un(e) avocat(e). Le 15 décembre, il a été débouté en appel par une juridiction qui l’a condamné à trois ans de prison.
Droits des femmes
Les femmes étaient toujours en butte à des discriminations, dans la législation et dans la pratique. Dans le cadre du système de tutelle, elles restaient liées à leur tuteur masculin, généralement leur père, frère, grand-père ou oncle ou, pour les femmes mariées, leur mari.
Les femmes avaient toujours besoin de l’autorisation de leur tuteur pour prendre des décisions de vie essentielles, comme se marier, étudier à l’étranger grâce à des bourses du gouvernement, occuper de nombreux emplois de la fonction publique, voyager à l’étranger jusqu’à un certain âge et recevoir certains types de soins de santé reproductive.
La législation relative à la famille restait discriminatoire à l’égard des femmes, pour qui il était difficile de divorcer.
Les femmes divorcées ne pouvaient pas avoir la tutelle de leurs enfants.
À toutes ces violations de droits humains, on ajoute les violations de droits des travailleurs et travailleuses qui ont travaillé pour la construction des stades de la Coupe du Monde FIFA Qatar 2022.
La Coupe du Monde n’est pas un canal pour violer les droits humains. Les migrants travailleurs et travailleuses doivent être payés. Au-delà des buts qui seront marqués, des médailles qui seront distribués et les trophées qui seront gagnés, les droits humains doivent être une priorité. Ils doivent être titulaires, pas sur les bancs.