Journée mondiale contre la peine de mort: dix raisons d’abolir la peine de mort.

Observée chaque 10 octobre, la Journée mondiale contre la peine de mort unifie le mouvement abolitionniste mondial et mobilise la société civile, les dirigeants politiques, les juristes, l’opinion publique, et bien d’autres, pour soutenir l’appel à l’abolition universelle de la peine capitale. Cette journée encourage et consolide la prise de conscience politique et générale du mouvement mondial contre la peine de mort.

Aujourd’hui plus que jamais, les acteurs abolitionnistes doivent continuer à œuvrer pour l’abolition complète de la peine de mort dans le monde entier, pour tous les crimes. Nous vous proposons dix raisons pour lesquelles il faut abolir la peine de mort.

Des Philippins allument des bougies et tiennent une pancarte lors d’une manifestation du 8 mars contre la peine de mort à Manille, aux Philippines..

la peine de mort viole le droit à la vie

La Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH) reconnaît à chaque individu le droit à la
vie. L’Article 4 de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) rappelle que « la
personne humaine est inviolable. Tout être humain a droit au respect de sa vie et à l’intégrité physique
et morale de sa personne ». Ce point de vue est conforté par l’existence de traités internationaux et
régionaux prévoyant l’abolition de la peine de mort, et notamment le deuxième protocole facultatif se
rapportant au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, adopté par l’Assemblée générale
des Nations unies en 1989.

la peine de mort est une sanction cruelle et inhumaine

La DUDH dispose catégoriquement que « nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou
traitements cruels, inhumains ou dégradants ». Toutes les formes d’exécutions sont inhumaines.
Aucun gouvernement ne peut garantir une mort digne et sans douleur à un condamné. A cela, il faut
ajouter la douleur morale qui accable le prisonnier depuis sa condamnation jusqu’à son exécution.

la peine de mort n’a aucun effet dissuasif

Aucune étude scientifique n’a jamais prouvé que la peine de mort a un effet plus dissuasif que les
autres peines en matière de criminalité. L’enquête la plus récente sur les liens de cause à effet entre
peine capitale et taux d’homicides – menée pour les Nations unies en 1988 et mise à jour en 2002 – se
conclut en ces termes : «… il n’est pas prudent d’accréditer l’hypothèse selon laquelle la peine
capitale aurait un effet légèrement plus dissuasif en matière de criminalité que la menace et
l’application de la peine, censément moins sévère, de réclusion à perpétuité».


L’exécution n’est pas la solution

la peine de mort est un meurtre avec préméditation qui avilit et rend la société plus violente

En exécutant une personne, l’État commet un meurtre et fait montre de la même disposition à la
violence physique que le criminel à l’égard de sa victime. Des études ont par ailleurs montré que le
taux d’homicides avait en fait augmenté juste après des exécutions. Des chercheurs ont suggéré que
cette augmentation était semblable à celle produite par d’autres événements violents et publics comme
les massacres et les assassinats.

la peine de mort est discriminatoire dans son application

Dans le monde entier, la peine de mort s’applique de manière disproportionnée aux personnes
défavorisées. Des condamnations sont prononcées contre des personnes provenant des classes sociales

les plus démunies qui n’auraient pas été condamnées à mort si elles avaient fait partie d’un secteur plus
favorisé de la société. Ces situations se produisent parce qu’elles ont moins de capacités à se retrouver
dans les méandres du système judiciaire (à cause d’un manque de connaissances, de confiance ou de
moyens financiers), ou parce que le système reflète l’attitude généralement négative de la société dans
son ensemble et des puissants à leur égard. Il est également prouvé que certains criminels encourent
davantage de risque d’être condamnés à mort si leurs victimes proviennent de catégories sociales plus
élevées.

la peine de mort nie la capacité de tout homme à s’amender et à devenir meilleur

Les défenseurs de la peine de mort estiment que le condamné ne peut s’amender et risque à tout
moment de récidiver en cas de libération. Or, il existe une multitude d’exemples de délinquants
réinsérés qui n’ont pas récidivé. Amnesty International estime que la prévention de la récidive passe
par le réexamen des procédures de libération conditionnelle et de suivi psychologique au cours de la
détention, mais en aucun cas par l’augmentation du nombre d’exécutions. De plus, la peine de mort
enlève toute possibilité de se repentir au condamné.

la peine de mort ne ramène ni la stabilité sociale ni la paix intérieure des victimes.

Une exécution ne peut rendre la vie à la victime ni atténuer la perte ressentie par sa famille. Loin de
diminuer la douleur, bien souvent la longueur du procès et de la procédure d’appel retardent d’autant
l’apaisement des familles.

la peine de mort nie la faillibilité des institutions humaines.

Le risque d’exécuter des innocents demeure indissolublement lié à l’application de la peine de mort.
Depuis 1973, 116 condamnés à mort aux États-Unis ont été remis en liberté après que la preuve de
leur innocence eût été apportée. Certains d’entre eux ont échappé de justesse à leur exécution après
avoir passé des années sous le coup d’une condamnation à mort. Ces erreurs judiciaires répétées
avaient notamment pour origine des irrégularités commises par des représentants du ministère public
ou des policiers, le recours à des témoignages, éléments matériels ou aveux sujets à caution, ou le
manque de compétence des avocats de la défense. D’autres prisonniers ont été envoyés à la mort alors
que subsistaient de sérieux doutes sur leur culpabilité.

la peine de mort est une punition collective

Ce châtiment touche toutes les personnes qui ont un lien de parenté avec le condamné ou celles qui
entretiennent des relations d’amitié ou de sympathie avec lui. Les proches du prisonnier exécuté, qui
n’ont, le plus souvent, rien à voir avec le crime, peuvent ressentir, à cause de la peine de mort, le
même épouvantable sentiment de perte que les parents de la victime ont ressenti à la mort de leur
proche.

la peine de mort va contre les valeurs religieuses ou humanistes à l’ensemble de l’humanité

Les droits humains sont universels, indivisibles et interdépendants. Ils trouvent leur source dans de
nombreuses traditions qui se retrouvent dans toutes les civilisations. Toutes les religions prônent la
clémence, la compassion et le pardon. Amnesty International, en s’opposant à la peine de mort, ne va
donc pas contre ces valeurs, bien au contraire.

EN ALABAMA, STOP À L’EXÉCUTION DE ROCKY MYERS !

À nos côtés, demandons à la gouverneure de l’Alabama justice pour Rocky Myers  !